PROKLA, Revue de critique en sciences sociales Numéro 201: L’économie politique de la guerre (présentation des articles)


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Extraits parus dans la revue Echanges et mouvement

“Les dividendes de la paix” – c’était une promesse pleine d’espoir après 1990, après la fin de la Guerre froide. Mais déjà au tournant du millénaire, une ère de “nouvelles guerres” a été proclamée : Il s’agissait, disait-on, de conflits non conventionnels dans lesquels diverses parties prenantes de guerres civiles cherchaient à s’imposer par la force. Mais cette forme de guerre n’est pas vraiment nouvelle, et les superpuissances économiques et militaires n’y sont pas non plus pour rien – bien au contraire. Le cas typique se trouve être la guerre en Syrie, qui dure bientôt depuis dix ans. Dans ce cas, les acteurs étrangers sont animés par des intérêts géopolitiques et idéologiques ou par le prestige auprès de leur propre électorat – mais très essentiellement par l’accès au gaz naturel et au pétrole. Ces guerres existent depuis des siècles, mais elles ont récemment conduit les pays riches en ressources à souffrir souvent d’une “malédiction des ressources”. En outre, la revue PROKLA aborde dans ce numéro la militarisation elle-même en tant que domaine d’activité pour les entreprises concernées, ce qui permet d’élargir les diverses dimensions de l’économie politique de la guerre.

L’utilité économique de la guerre et de la production d’armement, par Renata Allio

Les économistes se sont penchés à de nombreuses reprises sur la promesse de prospérité dans les économies de guerre, sur les avantages économiques supposés des guerres et des périodes d’après-guerre où non seulement le chômage baisse, mais où la demande sociale globale augmente, ou bien encore où l’excès de ressources, excès supposé conduire à des crises, est éliminé. Compte tenu des catastrophes et des ravages causés par la seule Seconde Guerre mondiale, ces considérations semblent à présent inacceptables. Un regard sur l’histoire de l’économie politique montre toutefois que cela n’a pas empêché aux économistes de réfléchir à la relation entre l’économie de la guerre et la croissance économique. L’article présente les contributions centrales de l’économie politique qui abordent le phénomène de manière affirmative ou bien critique.

Les intérêts militaires dans le marché européen des drones civils, par Tobias Biehle

L’article est consacré à la politique européenne actuelle en matière de drones. L’analyse et la discussion des principaux documents stratégiques montrent que les intérêts politiques et économiques du développement actuel du marché intérieur civil de l’UE pour les drones, d’une part, et les ambitions européennes en matière de politique de sécurité et de défense, d’autre part, sont étroitement liés. L’article tente de séparer analytiquement les deux développements et critique la rationalité de l’UE à exploiter le secteur des drones civils pour parvenir à être hégémonique sur le marché de ce segment technologique.

Critique anarchiste de l’impérialisme et répression d’Etat. Emma Goldman, Alexander Berkman, et la critique de l’économie politique de la Première Guerre mondiale aux États-Unis, 1917-1919, par Frank Jacob

La Première Guerre mondiale a provoqué de vives réactions de la part du gouvernement américain contre les voix critiquant l’effort de guerre. Cas bien connu de cette réaction, le procès et la déportation des célèbres anarchistes américains Emma Goldman et Alexander Berkman vers la Russie soviétique en décembre 1919. Les deux militants avaient non seulement mis à jour l’économie politique de guerre et l’exploitation de la classe ouvrière américaine, mais ils s’étaient également mobilisés contre elle. Leur critique et leurs conséquences sont les principaux aspects abordés dans cet article.

La militarisation de la protection de la nature, par Andreas Grünewald

Au cours des dernières décennies, de nombreuses zones protégées ont été transformées en forteresses armées. Si ceci est dû à des développements plus récents, comme la professionnalisation du braconnage ou la privatisation des parcs nationaux, cela montre aussi d’importantes continuités avec l’époque coloniale, à laquelle remonte la fondation de nombre de ces parcs. En prenant le bassin du Congo comme exemple, l’article montre à quel point le gouvernement fédéral allemand est impliqué dans la militarisation de la conservation de la nature, et les conséquences dramatiques qu’elle a pour les populations locales.